Affectations départementales des stagiaires dès la rentrée 2023

Un décret présenté lors du CSAMEN du 16 mai 2023 prévoit dans son article 3 une modification lourde de conséquences concernant l’affectation départementale des lauréat·es du CRPE. Ce nouveau décret modifie le décret PE n°90-680 du 1er août 1990. L’affectation des stagiaires tient désormais compte :

– en premier lieu “des caractéristiques des postes offerts et de leur adéquation aux
modalités de formation, au regard notamment des adaptations décidées en fonction du parcours universitaire et professionnel antérieur des intéressés”. Cela signifie que le premier critère d’affectation des stagiaires sera leur quotité de responsabilité devant élèves.
– en second lieu “des voeux des intéressés et de leur classement à l’un des concours”. Cette décision fait suite aux difficultés rencontrées par l’administration sur la nomination des stagiaires en 2022. La FSU-SNUipp était intervenue l’année dernière lorsque le rang de concours n’était pas respecté. Aucune concertation avec les organisations syndicales n’a eu lieu sur ce sujet. Les lauréat·es du CRPE 2023 vont découvrir ce changement pendant les épreuves d’admission.

La FSU-SNUipp dénonce depuis de nombreuses années une crise de l’attractivité du métier d’enseignant·e à laquelle le ministère reste sourd. Cette décision n’est pas de nature à la résoudre mais risque, au contraire, de l’aggraver encore.

Le profil des lauréat·es devenant le premier critère d’affectation, il y a un risque réel que certains départements deviennent inaccessibles. Sous prétexte de faciliter les affectations et la formation en INSPE, certains départements pourront faire le choix au sein d’une même académie de n’accueillir qu’un seul des deux profils. Il y a également un danger à faire disparaître certains sites d’INSPE. Ce décret entraînera de fait des difficultés de mobilité des personnels.

La FSU-SNUipp s’est opposée à cette proposition de décret lors du groupe de travail du 9 mai et a voté contre lors du CSAMEN du 16 mai.

Concours 2023

A ce jour, la quasi-totalité des résultats d’admissibilité aux CRPE 2023 est connu.
Ces premiers résultats sont alarmants. Si on observe une très légère remontée du nombre d’admissibles par poste par rapport à 2022 qui avait vu le recul de la place du concours, ce nombre n’a pas rattrapé le niveau de 2021 déjà bien bas. Au concours externe, en 2023, toutes académies confondues (hors Mayotte) le nombre d’admissibles par poste est de 1,42 contre 1,18 en 2022 et 1,61 en 2021.

Des académies perdent déjà des postes

L’académie de Guyane voit sa situation se dégrader encore puisque, au concours externe, le nombre d’admissibles par poste passe de 0,61 en 2022 à 0,48 en 2023.

L’académie de Créteil passe de 0,48 admissibles par poste en 2022 à 0,63 en 2023. Alors que ce nombre était de 1,94 en 2008, avant la crise de recrutement.

L’académie de Versailles passe de 0,34 à 0,65 admissibles par poste contre 2,02 en 2008.

D’ores et déjà, nous savons que les 3 académies les plus en tension (Créteil, Versailles et la Guyane) perdront des postes puisqu’il y a moins d’admissibles que de postes à pourvoir. Dans l’hypothèse (peu réaliste) où tou·tes les admissibles seraient admis·es et que les académies de Versailles et La Guyane compensent un de leurs concours déficitaires par le 3è concours, le nombre de postes perdus sera au
moins de 1099 (528 à Créteil, 459 à Versailles et 112 en Guyane).

Des académies qui attirent peu
3 autres académies ont un nombre d’admissibles par poste inférieur à 1,5 : Nancy (1,34), Paris (1,43) et Amiens (1,45).

Contrairement à ce qu’a essayé de faire croire le ministère, cette crise de recrutement est bien structurelle. La FSU-SNUipp la dénonce et alerte depuis 10 ans. Elle est force de propositions notamment par le biais du livre blanc.
Pour enrayer cette crise et rendre le métier à nouveau attractif, plusieurs leviers doivent être actionnés.
Il y a urgence à augmenter significativement les salaires, à améliorer les conditions de travail tout comme l’entrée dans le métier, et à repenser la formation initiale des enseignant·es. La mise en place des pré-recrutements permettrait d’élargir les viviers de candidat·es aux concours, de sécuriser les parcours et de démocratiser l’accès au métier. Et donc de recruter des personnels sous statut de fonctionnaires à hauteur des besoins et de redonner du sens et de l’attractivité à notre métier !

Alerte Concours CRPE et affEctations PES

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